Sujet de thèse : Coinfections naturelles et experimentales / Interactions hoteparasites chez les oiseaux

Thèse présentée et soutenue publiquement par Grégory Karadjian Le 29 septembre 2014.

Coinfections naturelles et experimentales / Interactions Hoteparasites chez les oiseaux (Haemosporidies de rapaces) et dans un modèle Murin (Plasmodium SP. / Litomosoides sigmodontis)

Dans le cadre d’une interaction hôte-parasite, des adaptations réciproques sont mises en place par chacun des deux protagonistes, pour maximiser ou au contraire minimiser la réussite parasitaire. Le système immunitaire de l’hôte joue un rôle majeur dans ces mécanismes de régulation. Chez la souris Mus musculus, de nombreuses études ont été réalisées en laboratoire sur des mono-infestations expérimentales avec des parasites naturels ou non de la souris. Cependant, en conditions naturelles, un hôte est souvent infesté par plusieurs espèces de parasites. Des études expérimentales de multi-infestations reflèteraient ainsi mieux les conditions naturelles des interactions. Cette thèse a porté sur : 1. l’étude de coinfections naturelles d’oiseaux sauvages par des parasites sanguins. Des espèces des genres Plasmodium, Haemoproteus, Leucocytozoon, Trypanosoma ont été identifiées. Toutes les combinaisons de coinfections entre ces parasites existent ainsi que des coinfections congénériques. La description de certaines de ces espèces a été réalisée et leur position phylogénétique (basé sur le cytochrome b) a été précisée. 2. l’analyse de co-infestations contrôlées et simultanées d’une lignée consanguine de souris avec deux espèces de parasites : la filaire Litomosoides sigmodontis et l’apicomplexe Plasmodium spp. Deux espèces de Plasmodium ont été choisies : Plasmodium yoelii yoelii clone 1.1 qui infecte préférentiellement les érythrocytes matures ; et P. chabaudi chabaudi 864VD qui présente un tropisme pour les réticulocytes. Des différences entre les situations de mono-infection et de co-infection ont été mises en évidence. En situation de co-infection P. yoelii/L. sigmodontis, les deux parasites étaient capables de se développer en présence l’un de l’autre, mais chacun a un effet limitant sur l’autre ; le pic de parasitémie plasmodiale est plus bas et la charge filarienne est réduite. En coinfection P. chabaudi/L. sigmodontis, seule la charge filarienne est diminuée. Ces phénotypes montrent aussi des différences immunitaires inflammatoires (leucocytes sanguins, IFN-γ et TNF-α). La splénomégalie induite par Plasmodium et l’infiltrat pleural de cellules associé à l’infection filarienne augmentent en coinfection et ceci quelle que soit la souche de Plasmodium utilisée. Les lésions rénales liées à l’infection plasmodiale, mais pas les lésions pulmonaires, sont diminuées en coinfection. La présence de granulomes dans les poumons de souris infectées par L. sigmodontis, ou coinfectées, suggère un passage des stades infestants filariens à travers les poumons pour rejoindre la cavité pleurale. Ce passage semble déclencher une inflammation très précoce via la libération des protéines s100A8 et s100A9 par les neutrophiles qui pourraient recruter des macrophages alvéolaires ayant des propriétés de réparation tissulaire.