Le projet
Jusqu’en 2008, dans la région du Languedoc-Roussillon, aucune prise en charge de qualité de la faune sauvage n’existait. A la question “Animal sauvage trouvé en difficulté, que faire ? Qui appeler, ou l’amener pour une prise en charge de qualité ?”, il n’y avait pas de réponse convenable : Millau dans l’Aveyron - qui a longtemps été notre seul partenaire existant - , Buoux dans le Vaucluse, l’Ardèche ou l’Espagne Catalogne vers Figueres...
L’association Goupil Connexion s’est donc engagée sur cette voie passionnante et compliquée avec deux évidences stimulantes : "Si ce n’est pas nous, qui le fera ? Et si ce n’est pas maintenant, quand ?" Depuis, un autre Centre de Réhabilitation pour la FS a vu le jour dans le sud Hérault à Villeveyrac en 2012, celui de l’Ardèche a fermé. Et les choses ne vont pas de soit dans notre sud de la France qui, de Menton à Perpignan, pêche par une lenteur à prendre en compte la faune sauvage autochtone de manière responsable... Nature animale qui ne se porte pas si bien que cela depuis que les hommes se sont installés partout, du littoral aux montagnes... de plus en plus nombreux, de plus en plus rapides, ignorants pour beaucoup du milieu dans lequel ils vivent. Que ce soit en villes ou à la campagne, une attention de tous est nécessaire pour continuer de vivre et de contribuer à faire de nos territoires des paradis plein de vies, de vols et de chants d’oiseaux.
La décision de créer l’Hôpital Faune Sauvage Garrigues – Cévennes (HFS) est ainsi prise en 2008 par l’association déjà compétente et active dans la protection de la nature, de la sensibilisation et éducation depuis 1996.
Dans des locaux situés depuis 2011 à Laroque en Nord Hérault, il a vocation à recueillir, soigner et réhabiliter des animaux sauvages locaux (oiseaux, mammifères, reptiles et batraciens) en détresse pour les relâcher dans le milieu naturel dans un souci de sauvegarde des espèces.
Cette activité est en progression constante : de 80 animaux accueillis en 2008, l’Hôpital en comptait plus de 1 000 en 2013 et 1606 en 2014. Les animaux viennent principalement des départements du Gard et de l’Hérault. Ils représentent plus de 110 espèces différentes dont 84% d’oiseaux, 15% de mammifères et 1% de reptiles et amphibiens. Près de la moitié d’entre eux retrouve la liberté suite à leur prise en charge par l’HFS. Les relâchés sont l’occasion de sensibiliser le public à la faune sauvage locale.
L’équipe permanente est composée d’un salarié (depuis le printemps 2015), de 2 à 4 jeunes volontaires en service civique présents toute l’année (depuis 2012) et de bénévoles très actifs. Pour procurer à la faune sauvage des soins de qualité, l’équipe est conduite par Marie-Pierre Puech, vétérinaire de l’HFS et de Ganges.
L’HFS est un des rares centres de soins basés sur une structure vétérinaire en France avec un accès quotidien au plateau technique et à tous les équipements de la clinique vétérinaire de Ganges (salle de chirurgie, radiographie numérique, échographie, anesthésie gazeuse, soins intensifs avec perfusion…). Ainsi, plus de 300 radiographies, 60 chirurgies et 70 autopsies peuvent être effectuées chaque année.
L’HFS vise également à développer la qualité des soins pour la faune sauvage à travers des travaux de recherche, des formations et la mutualisation des connaissances. L’objectif est d’acquérir plus de compétences collectives autour de "la santé de la nature" dans le bassin Méditerranéen, en relation avec les autres centres de soins en France et à l’étranger. L’HFS est notamment jumelé avec le GREFA (Grupo de Rehabilitation de la Fauna Autoctona y su Habitat), plus grand Hôpital Faune Sauvage d’Europe, et réalise dans ce cadre, de multiples échanges de compétences et de personnes.
De plus, l’HFS participe activement à l’avancée des recherches scientifiques et à l’amélioration des connaissances sur la faune sauvage et leur lien avec la santé publique et l’homme :
- son équipe réalise des suivis de nichoirs et bague les oiseaux relâchés en collaboration avec le CRBPO (Centre de Recherches sur la Biologie des Populations d’Oiseaux),
- des prélèvements sanguins sont effectués systématiquement sur les animaux -méthode non invasive respectueuse de leur confort- en coopération avec les chercheurs du laboratoire de parasitologie - pour des recherche d’hémoparasites- du MNHN (Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris) : en 4 ans, 800 individus prélevés représentant 64 espèces différentes, avec de nouvelles espèces de parasites décrits !
- des autopsies et des analyses, dont pour le réseau national Vigilance Poison ou vers d’autres recherches de la cause de la mort ainsi que des radiographies sont réalisées systématiquement sur les cadavres d’animaux trouvés morts pour comprendre la cause de leur décès et donner ainsi une lecture, un état des lieux de la santé de la biodiversité.
- une étude (été 2015) est en cours entre une jeune biologiste, l’ANSES de LYON et le Laboratoire Vétérinaire du CG 34 pour à partir des prélèvements coprologiques de tous les oiseaux arrivant à l’HFS, connaître ce qui se passe en terme d’antibio-résistance dans la faune sauvage qui vit à nos côtés, en ville ou à la campagne.
- une autre sur les parasites intestinaux des rapaces vient de finir (jeune vétérinaire dans un cursus de recherche... Les résultats devraient arriver cet automne)
- etc
Ces divers travaux permettent à l’HFS d’agir au quotidien comme observatoire de la santé de la nature, de mettre en place des actions de prévention et aussi de diffuser ces connaissance dans divers niveaux de la société : du grand public à la recherche, avec des données et des éléments de comparaison à échanger avec d’autres entités, d’autres régions ou d’autres pays.